Texte Gagnant du coucours de vulgarisation scientifique organisé par le comité étudiant de l'INAF

Les caractéristiques du phénotype de la dépendance alimentaire chez les individus en surpoids ou en obésité

Auteur : Maxime Legendre
Programme : Doctorat en psychologie, recherche et intervention, Université Laval
Supervision : Catherine Bégin, PhD

 

 

Les caractéristiques du phénotype de la dépendance alimentaire chez les individus en surpoids ou en obésité

Depuis environ 20 ans, une multitude d’études mettent en évidence le concept de la dépendance alimentaire. Cette condition postule que certaines personnes peuvent présenter une dépendance aux aliments hautement transformés et concentrés en sucre et en gras (p. ex., chocolat, biscuits, chips, frites) qui, selon des marqueurs comportementaux et neurobiologiques, s’apparente aux autres dépendances aux psychotropes (alcool, cigarette, drogues) reconnues par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). La dépendance alimentaire serait présente chez 25% des personnes en obésité et pourrait expliquer pourquoi certaines personnes sont incapables de perdre du poids ou de maintenir un poids santé. Ainsi, l’identification d’un phénotype, c’est-à-dire un ensemble de caractéristiques observables, chez les personnes en surpoids ou en obésité rapportant de la dépendance alimentaire permettrait de mieux cibler cette condition, mieux comprendre sa relation avec le poids et offrir un traitement plus adapté. Quarante-six personnes en surpoids ou en obésité sans diagnostic de trouble alimentaire ont été recrutées. L’échantillon a été séparé en deux groupes, 20 personnes avec de la dépendance alimentaire et 26 personnes sans dépendance alimentaire. Les deux groupes ont été comparés sur des caractéristiques typiques des personnes dépendantes aux psychotropes comme l’impulsivité, la présence de « cravings », la consommation en réponse à des émotions fortes et la consommation pour différentes motivations (être plus sociable, se conformer, se sentir mieux et faire face à ses problèmes). Globalement, les personnes avec de la dépendance alimentaire ont rapporté un niveau significativement plus sévère sur toutes les caractéristiques sauf la consommation en réponse à des motivations sociales et la consommation pour se conformer. Ainsi, la dépendance alimentaire représente un phénotype marqué par l’impulsivité, la présence de « cravings » et des motivations à consommer liés à la régulation émotionnelle (émotions fortes, se sentir mieux, faire face à ses problèmes). Ce phénotype a déjà été observé auprès des dépendances traditionnelles (alcool, cigarette, drogues) et supporte l’idée que les aliments hautement transformés et concentrés en sucre et en gras pourraient avoir la même fonction que les substances psychotropes. Plus important, ce phénotype a été mis en évidence auprès d’un échantillon en surpoids ou en obésité, mais sans trouble alimentaire (p. ex., trouble d’accès hyperphagiques) ce qui vient soutenir l’importance de considérer la dépendance alimentaire comme une condition indépendante des troubles alimentaires déjà reconnus par le DSM-5.

Référence de l’article vulgarisé : Schulte, E.M., & Gearhardt, A.N. (2020). Attributes of the food addiction phenotype within overweight and obesity. Eating and Weight Disorders - Studies on Anorexia, Bulimia and Obesity. doi.org/10.1007/s40519- 020-01055-7 (seulement publié en ligne pour l'instant).

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