L’auto-compassion: En apprendre un peu plus

« La vie va vite! »; « J’’ai l’impression de ne jamais arrêter, je sens que les semaines passent à un rythme effréné et je n’arrive jamais à tout faire. »; « Souvent, je me sens débordée et je n’arrive pas à voir comment je pourrais faire autrement. »

Capsule rédigée par Catherine Gagnon, D.Ps., psychologue au CEPIA

De façon générale, beaucoup de gens s’entendent pour dire que :

« La vie va vite! »; « J’’ai l’impression de ne jamais arrêter, je sens que les semaines passent à un rythme effréné et je n’arrive jamais à tout faire. »; « Souvent, je me sens débordée et je n’arrive pas à voir comment je pourrais faire autrement. »

Plusieurs personnes rapportent être submergées par les messages d’exigences et de performance véhicu-lés par la société et ce, à différents niveaux : au tra-vail, dans la vie de famille, dans la relation de couple, dans les habitudes de vie et dans les habitudes ali-mentaires. Pour plusieurs, ces préoccupations s’ins-tallent aussi au niveau de l’image corporelle et du poids. Une pression s’installe à devoir « atteindre cer-tains standards ». Il arrive souvent que cette pression résulte en un sentiment de ne pas être à la hauteur et d’être incompétent. En d’autres mots : un discours autocritique face à notre souffrance, à nos difficultés ou à nos insatisfactions. Ce discours contribue sou-vent au développement et au maintien de comporte-ments alimentaires problématiques.

Au cours des dernières années, une attention gran-dissante est donnée au concept d’auto-compassion dans le domaine de la recherche. Selon Kristin Neff, chercheure pionnière de ce concept, la compassion pour soi, ou bienveillance envers soi-même, est une attitude qui consiste à être chaleureux et compréhen-sif envers soi-même dans les moments douloureux. La compassion pour soi n’est pas synonyme de com-plaisance ou de déresponsabilisation. Plusieurs de-meurent méfiants devant ce concept et craignent que cela ne soit une forme d’apitoiement sur soi. Au con-traire, l’auto-compassion est une position active et non passive, elle pousse à prendre action pour amé-liorer sa santé ou sa situation. À cet effet, plusieurs recherches démontrent que la compassion pour soi entraînerait un plus grand sentiment de responsabilité personnelle. Toujours selon Kristin Neff, l’auto-com-passion comporte trois composantes : 1) la bienveil-lance envers soi-même (« Je traverse un moment dif-ficile en ce moment. Comment me serait-il possible de prendre soin de moi en ce moment ? »), 2) la re-connaissance de son humanité (« C’est normal de souffrir, tous les humains souffrent. ») et 3) la capa-cité à observer ses expériences intérieures sans les juger (« Je vis de la frustration. Bien que cela me fasse sentir mal à l’aise, j’observe cette frustration et je la laisse exister. »).

À ce jour, les effets bénéfiques de ce concept sont de plus en plus évidents et documentés. La recherche met en évidence que l’auto-compassion est grande-ment associée au bien-être émotionnel, à la diminu-tion du stress, des états anxieux et dépressifs. Elle est aussi liée à de saines habitudes de vie et une plus grande satisfaction relationnelle.
Plus précisément, au niveau des études réalisées parmi les personnes souffrant de comportements ali-mentaires problématiques (hyperphagie boulimique, anorexie ou boulimie), le développement d’une plus grande compassion envers soi est associé à une ré-duction des comportements alimentaires probléma-tiques. D’autres études démontrent aussi que plus d’auto-compassion contribue à une meilleure image corporelle.

Plusieurs moyens peuvent être utilisés pour dévelop-per l’auto-compassion, dont la pratique de l’auto-com-passion en pleine conscience. Des pratiques médita-tives sont suggérées par Kristin Neff et ont été tra-duites en français. Elles se retrouvent sur le site In-ternet autocompassionmtl.wixsite.com/auto-compassion sous l’onglet : Pratique. Certains livres sont aussi disponibles pour en apprendre davantage sur le concept de l’auto-compassion et son dévelop-pement.

Lectures proposées :
- Germer, C. K. (2013). L’autocompassion. Ed. Odile Jacob.
- Neff, K. (2013). S’aimer. Comment se réconcilier avec soi-même. Ed. Belfond.

Sources:
- Germer, C., & Neff, K. (2019). Teaching the Mindful Self-Compassion Program, A guide for Professional. The Guilford Press.
- Siegel, J. A., Huellemann, K. L., Hillier, C. C. & Campbell, L. (2020). The protective role of self-compassion for women’s positive body im-age: an open replication and extension. Body image, 32, 136-144.
- Strutts. L. A., & Blomquist, K. K. (2018). The moderating role of self-compassion on weight and shape concerns and eating pathology: A longitudinal study. International Journal of Eating Disorders, 51, 879-889
- Strutts, L.A., Leary, M. R., Zeveney, A. S., & Hufnagle, A.S. (2018). A longitudinal analysis of the relationship between self-compassion and the psychological effects of perceived stress. Self and Identity, 17, 609-626.

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